Le choc de l’art contemporain
Bien des passions m’ont agité au fil des décennies précédentes. La toute première fut la danse classique, dont j’ai entamé l’apprentissage vers mes dix ans. Mon enfance, d’abord enchantée, illuminée par le romantisme des ballets blancs , fut violemment secouée, dans les années d’adolescence, par un grand choc esthétique. Celui du Festival mondial de théâtre de Nancy, qu’un jeune professeur de l’université de Nancy, un inconnu nommé Jack Lang, venait de créer…
Dans l’effervescence de ce tout début des années 70, le lycéen que j’étais découvrait, un peu effaré, l’art contemporain : Pina Bausch venait de Wuppertal, le Teatro Campesino du Mexique, le Bread and Puppet Theater arrivait de New York City, mais avait été fondé par Peter Schumann, un Allemand de Silésie, Tadeusz Kantor et le Théâtre Cricot 2 venaient de Cracovie (encore satellite de l’URSS à cette époque), Bob Wilson, des USA, Kazuo Ōno et Min Tanaka, du Japon, et bien d’autres comme par exemple le Français André Engel.
J’ai peine à dire la puissance émotionnelle de ces découvertes. Ce fut un choc, brutal, presque douloureux, et qui résonne encore en moi aujourd’hui.
Le nouveau visage de la biologie
Un peu plus tard, en 1976, je suis étudiant à la Faculté des Sciences de Nancy puis à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg. C’est alors que je vais faire une lecture qui sera pour moi de grande conséquence. Je lis – je dévore – en effet l’essai de Jacques Monod Le Hasard et la nécessité.
L’ouvrage, sorti en 1970, me fait découvrir le nouveau visage de la biologie. Cet essai sur la philosophie naturelle de la biologie aura été à l’origine de ma passion pour la biochimie.
Cette passion m’entrainera pour quatre décennies dans l’aventure des biotechnologies industrielles à Paris, Strasbourg, en Allemagne, à Nîmes et ailleurs encore. Jamais pourtant mon intérêt pour la philosophie, la littérature, la danse et l’art en général ne m’a quitté. Au début des années 80, j’ai participé à une tournée d’été dans la troupe de danse contemporaine de Claude Mazodier (ancien soliste chez Maurice Béjart), dont je fréquentais assidûment le studio de la rue Oberkampf à Paris. Plus tard, à l’École des arts décoratifs de Strasbourg, j’ai participé pendant deux années à l’atelier de dessin académique de Frank Helmlinger et, tout en faisant mes débuts dans la biotechnologie, j’ai achevé ma licence de philosophie entamée à l’Université Marc Bloch de Strasbourg.
Ma carrière d’auteur a commencé en 2009, avec la publication sous pseudonyme de Langues étrangères, un petit roman érotique – épuisé chez l’éditeur – aux éditions La Gazette 89 (Egriselles-le-Bocage, France), suivi en 2017 par Marcher sur la pointe des pieds, un essai sur le devenir de l’élégance en régime post-moderne aux Éditions Ovadia (Nice, France) puis, fin 2021, par un premier recueil de poèmes intitulé Caresse du monde, aux Éditions Books-on-Demand (Norderstedt, Allemagne). De grands appétits, mon nouveau recueil de poèmes, est paru fin mars 2024 chez le même éditeur.
Filiation et nostalgie
Mes premiers pas dans la vie, je les ai faits dans l’émerveillable décor de la haute vallée du Rahin, entre Ballon d’Alsace et Ballon de Servance. Mon enfance et ma jeunesse ont eu pour cadre la Franche-Comté, la Lorraine et l’Alsace. Dans les années 80, comme beaucoup d’habitants de ces régions, j’en ai franchi les frontières et, au delà du Rhin, notamment à Heidelberg, poursuivi mon parcours. Mais j’ai conservé un profond attachement pour cet orient du royaume de France, si cruellement traité par l’Histoire, et pour ses habitants, fidèles en amitié. Caresse du monde, mon premier recueil de poèmes, leur doit beaucoup. Je leur dois l’essentiel.
Jean-Marie Sonet, le 21 mars 2024
Pour le détail de mon parcours professionnel, mon profil LinkedIn vous dira tout à l’adresse : linkedin.com/in/jean-marie-sonet-8347937