Espoirs de l’animal ? Paisible pâture ou proie dodue…

Hélas, nous autres humains plaçons souvent nos espoirs dans les chimères qui naissent de nos ambitions.

Toutefois, au dessus de nos espoirs, parfois frivoles, capricieux, imprudents ou inconséquents, plane un souvenir. C’est celui du grand espoir de jadis, celui du Salut promis par Dieu. C’était un grand, très grand et puissant espoir, un espoir bien à la (dé)mesure de l’humanité. Mais la divinité, touchée à mort par le soupçon nietzschéen, ne nous est plus familière. Nous en sommes orphelins. Comment vivre désormais sans l’espoir d’un Salut ?

Il reste que l’espoir est ce moteur qui nous oblige à marcher, avancer, batailler. Il est notre unique ressource de vitalité. Où trouver à présent la source d’un espoir authentique ? Quelles ressources convoquer ?

Tout d’abord, la vie nous place à un endroit et à un moment du monde et d’une lignée. Ensemble, ils constituent notre « origine ». C’est là que nous est transmise la matière de la vie qui nous est échue. C’est avec ce matériau qu’il nous faudra faire au mieux.

Ce mieux, pour commencer, consisterait peut-être à accorder notre plus grande attention à ce temps, ce lieu, ce corps que nous habitons, et à la lignée qui nous y a porté. Nous trouverons dans cette « origine », sans avoir à la chercher bien longtemps, notre « originalité » et un espoir à notre véritable mesure.

Dans originalité, entendre origine,
Et génération dans générosité.
La langue nous offre son étrangèreté,
Sa puissance qui nous dépasse et nous domine.

Caresse du monde, N°97 (2021)

Espoirs : l’impasse du « wokisme »

Les lubies des « wokistes » nord-américains et celles de leurs empressés disciples européens, nous enjoignent de renoncer au donné. Il nous faudra nier qu’il reste de l’imposé. Il faudra qu’à toute force, rien ne demeure qui ne dépendrait pas de nous mêmes, qui ne serait pas à la portée de notre volonté. L’hybris du « wokisme » nous entraine dans un monde post-moderne qui n’est qu’un champ de ruines. Rien n’y échappe à la déconstruction. Dans ce monde-là, le corps lui-même n’est plus qu’une construction sociale ou mentale, que chacun croit pouvoir démanteler et recomposer à sa fantaisie, en mobilisant les ressources de la technologie*.

Une fois la génétique oubliée, l’anatomie méprisée et l’histoire réécrite selon le désir de chacun**, que pourra-t-il donc rester de notre « origine », celle-là même qui fait la substance de notre « originalité » ?

Origine & originalité

Cette ressource pourtant nous est précieuse entre toutes. Elle est le seul capital dont nous puissions jamais disposer. Tout être vivant est aussi un fossile,  écrivait Jacques Monod dans Le Hasard et la Nécessité (1970). Cette formule frappante nous rappelle que nous sommes tout à la fois trace et résultat des générations qui nous ont précédés au fil des millénaires. Comment un destin pourra-t-il encore se déployer sans cet espoir qui nous vient, avec une folle énergie, de notre passé le plus archaïque ?

Pour conclure, n’y a-t-il pas là comme un espoir pour nous porter ? Oublions ces espoirs imaginaires qui nous tireraient vers eux depuis ce futur qui n’existe pas. Recherchons plutôt un espoir qui surgirait de notre origine même. Ne pourrait-il pas nous transmettre une part, notre part, de la puissance de l’Histoire des générations ?


* (ajouté le 21 août 2022) : on lit dans Le Figaro d’aujourd’hui que le Planning familial affirme sans rire que Des hommes aussi peuvent être enceints. Pour ceux qui doutent encore de la capacité de nuisance du « wokisme », la lecture de cet article permettra peut-être de les détromper. Nous aurons, hélas, à y revenir !
**À la façon des soviétiques qui effaçaient toute trace des gênants sur les photographies et dans les archives, les « wokistes » aiment notamment à renverser les statues.