À propos de Forteresse : La nomination cette semaine d’un déconstructeur de premier rang** au poste de ministre de l’Éducation nationale m’a donné envie d’attirer votre attention sur Forteresse, un poème que m’avaient jadis inspiré les déclarations fluides d’un candidat-président postmoderne qui aura, hélas, tenu ses promesses.

Forteresse

Penser est au risque de se payer de mots.
C’est une monnaie fluide, aimée des post-modernes.
Le droit est son idole, devant quoi se prosternent
Ceux qui aiment à ester près les tribunaux.

Pris dans la forteresse de leurs idéaux,
Derrière des remparts dépourvus de poterne,
Ils vont, sempiternels, chercher qui les gouverne.
Leur grâce est un espoir de gloire en vidéo.

Nous implorons le doux soutien de la bêtise.
Qu’elle ne nous fasse ni défaut ni traitrise,
Mais ruine le faux dieu de ces tristes dévots,

Répande le baume de la méconnaissance
Des lexiques amers, déconstruisant la France,
Intersectionnels et post-coloniaux.

Extrait de Caresse du monde, n°93 (© Jean-Marie SOnet, 2021)

* Le titre de cet article fait évidemment référence au « Détruire, dit-elle », titre d’un roman de Marguerite Duras (Les Éditions de Minuit, Paris, 1969, ISBN 2-7073-0136-1), roman qu’elle adaptera elle-même dans le film homonyme (1969).

** voir aussi à ce sujet, l’article de François-Xavier Bellamy dans le même journal.